Pourquoi marcher?

Publié le par Stève Turin

D'après Wikipedia, 43 % des pèlerins font le chemin pour des raisons religieuses, 47 % pour des raisons spirituelles.

Pour ma part, je n'ai rencontré personne qui le fait pour la première raison.

 

En fait, la plupart des gens avec qui j'ai discuté sur le chemin sont en train de vivre quelque chose de spécial dans leur vie, une transition, une rupture. Un peu comme moi en fait, la retraite, c'est une grosse transition, une rupture.

 

Mais certains pèlerins ont d'autres motivations :

Alexis est à la retraite depuis 10 ans. Chaque année, il se remet en forme en faisant un bout de chemin. Une fois depuis Séville, une autre fois depuis Porto, la partie française depuis le Puy, depuis Vézelay, le camino Frances, ... C'est un peu l'encyclopédie du chemin, Alexis. « Pendant le camino, je ne bois pas d'alcool, je remets à niveau mon corps » me dit-il.

Philippe, à la retraite depuis 4 ans a toujours voulu faire le chemin. Comme son métier l'empêchait d'avoir du temps, il attendu 2020 pour le faire mais le covid a retardé son départ.

Deux amis espagnols ont une semaine de vacances. Ils en profitent pour faire un bout de chemin ensemble. Cela leur permet de se retrouver pendant une semaine.

Katia a voulu se prouver qu'elle était capable de faire ce chemin. Et elle l'a fait. Katia me dit qu'elle est maintenant fière de son corps. Beaucoup de ses connaissances lui disaient qu'elle devrait perdre du poids. Ce chemin lui a permis de mieux s'accepter telle qu'elle est. 

 

Damien me dit qu'il n'est pas en rupture mais a besoin de temps pour réfléchir. Psychothérapeute et musicien, il vient de terminer un contrat dans l'accompagnement d'adolescents et a besoin de se poser des questions sur son métier, la façon de l'exercer, envers quel public, la manière aussi d'y associer la musique.

L'autre jour, j'ai demandé à Martin, retraité depuis le 1 octobre, quel était son métier.

Il n'a pas voulu répondre. Il m'a dit qu'il voulait faire un trait avec sa vie d'avant où il se sentait mis dans une case, case liée à sa profession. Il est là pour débuter la reconstruction d'une nouvelle identité définie, cette fois, par sa propre personnalité.

Sébastien a démissionné de son travail. Sa nouvelle direction lui demandait d'appliquer des principes qui ne correspondaient pas à son éthique. Il ne pouvait pas assumer cela. Il a préféré quitter son poste.

Marwin vient de finir ses études. Il veut devenir enseignant en Allemagne. Mais il ne sait pas trop comment : école classique ou pédagogie plus innovante. Marwin me dit qu'il fait le chemin afin de savoir ce qu'il a envie de devenir dans la vie. Il m'a aussi dit : « je veux savoir qui je suis». Il a déjà fait les trois-quart du chemin et a l'impression de bien progresser dans sa quête.

Nadia a 56 ans. Elle travaille la créativité auprès d'enfants en bas âge dans une école en Suisse Allemande. Elle vient de donner sa démission et marche. Elle ne sait pas trop ce qu'elle veut faire plus tard. Pour l'instant, elle marche.

Peter, un hollandais, est parti de chez lui, à pied, le 1 mai pour une vivre une année sabbatique avec un budget de 10 euros par jour. Il marche tirant un petit chariot qui lui permet de passer partout. Dans ce chariot, de quoi être autonome pour la confection de ses repas et la nuit : tente, réchaud... Il a déjà parcouru les pays nordiques. L'hiver arrivant, il se dirige vers le sud. Il suit le chemin en marchant très peu chaque jour.

 

Avoir avoir fait le chemin, Yves Duteil a déclaré : « j'ignore ce que je suis venu chercher mais je l'ai trouvé ».

 

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