Rubbish

Publié le par Stève Turin

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Devant moi le fleuve, large malgré la saison sèche, les bords sont de sable. J'attends la pirogue qui me ramènera sur l'autre bord. Encore assez frais, le soleil n'est pas très haut. Sur la droite des pêcheurs lancent leurs filets. Une femme avec une enfant,  portant deux grands paniers en bambou, se dirigent vers le fleuve. En me saluant, leurs visages s'illuminent d'un sourire. « Mingalaba » me disent-elles. L'enfant se précipite pour jouer dans le courant; la mère s'avance dans l'eau, jusqu'au genou, puis déverse le contenu de ses paniers dans le fleuve. 

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Des déchets flottent maintenant à la surface du fleuve. 
La Birmanie s'est ouverte au monde il y a une vingtaine d'années. Le tourisme est arrivé. Un peu plus de démocratie. L'économie bondit de 8% chaque année. En ville, on ne voit presque pas de vélos (il parait qu'il y en avait beaucoup avant), les petites motos ont pris leur place. Les birmans des villes sont friands de phone. 

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Dans les cafés, on entend Adele, someone like you. On peut acheter sa nourriture à l'emporter dans des récipients en polystyrène, son coca en bouteille PET ou en récipient alu. On peut boire son café déshydraté emballé dans des portions Nescafé. On trouve de tout, beaucoup de petites choses emballées dans de petits sachets de plastique. Mais les rues sont propres. Dans les villes, des camions-poubelles, par une musique, appellent les gens à y amener leurs déchets. Le matin de bonne heure, on peut voir les gens balayer leur bout de route. Le soir, quelques déchets jonchent le sol mais le lendemain matin, tout est clean. J'ai vu dans un village près de Bagan des personnes trier les déchets. On m'a dit que les chinois rachetaient l'alu. On voit aussi des recycleurs dans les villes séparer le PET du reste.

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Quand j'étais gamin, il nous arrivait, le mercredi après-midi d'aller au bord du Rhône, « aux gadoues ». Là, les véhicules de la voirie déversaient les détritus de la ville. Pas du côté du fleuve mais de l'autre côté.  Quelqu'un essayait d'y mettre le feu. C'était il n'y a pas si longtemps en fait. Plus tard, on a recouvert tout cela de terre et on a planté des arbres et maintenant, on a l'usine d'incinération, tout proche.

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En Birmanie, les rues sont propres mais les abords des villages sont souvent envahis de déchets, avec des traces de brûlé sur le sol. Les rivières, à sec en cette saison, aussi en sont aussi envahies. Lors de la saison des pluies, tout sera nettoyé. Dans les villes, je ne sais pas où vont ces camions-poubelles ? Sur les chemins en pleine nature, on peut voir quelques slogans en anglais et birman comme « un tronc ne pousse pas avec du plastique ». Malgré tout ces chemins sont bordés de détritus. La Birmanie a embrassé à bras le corps la consommation mais n'a pas encore trouvé le remède à ses déchets.  

La femme de ce matin ramène alors ses paniers sur le bord et appelle sa fille. C'est l'heure de la toilette. Un peu en amont, elle savonne vigoureusement sa fille. L'eau du fleuve emporte au loin quelques bulles de savon.

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