Kampot, ses terrasses, ses bâtiments coloniaux, ses vieux.
Sur la terrasse, quatre italiens jouent aux cartes.
Plus loin, deux hommes, le front dégarni, sirotent une bière.
Celui-là, seul, penché sur son natel, de l'index fait défiler son écran.
Cet autre est accompagné d'une dame bien plus jeune, d'origine asiatique.
Le point commun entre entre tous ces hommes? Il doivent tous avoir plus de 60 ans.
Comme moi en fait.
L'autre jour, rencontre avec une Française, proche de la soixantaine, sur une terrasse. Elle se lamente de devoir déjà rentrer en France, les vacances arrivant à leur terme. Elle vient souvent au Cambodge. Une de ses amies y vit depuis 20 ans : « Elle travaillait dans une grande entreprise française et maintenant qu'elle est à la retraite, elle a décidé d'y rester. Elle loue une belle villa au bord de la mer avec piscine pour 500 euros par moi, ça fait rêver. » me dit-elle.
- « Et prendre ta retraite ici, tu y penses ? »
« Bien sûr que j'y pense. Avec ma retraite en France, quelles sont mes perspectives ?
Ici, je peux avoir la belle vie. »
- « Mais tu n'as pas peur d'être coupé d'une certaine culture, de films d'expositions, de ton lien social actuel ? »
- « Avec internet et Whats app, j'ai accès à tout, je peux converser gratuitement avec la terre entière.
Non, je ne me fais pas de souci pour ça.»
Gérard a décidé de venir s'installer au Cambodge à 71 ans, maintenant.
Il a quelques racines dans la région. Sa mère étaient issue d'un couple mixte formé durant la colonisation puis la famille a dû quitter le pays en 54. Mais il a toujours gardé un lien, avec des voyages réguliers.
Maintenant, il a décidé de franchir le pas. Il veut s'installer à Kampot.
J'ai opté pour une ville pas trop grande, ayant toutes les commodités, notamment les soins. Ici, j'ai la plage, le soleil, une vie pas chère. Et je vais bien trouver une copine...
Un autre jour, discussion avec un couple allemand qui prospecte depuis un moment, dans toute l'Asie du Sud-Est, pour trouver un lieu pour plus tard. Ils me disent avoir enfin trouvé : Kampot. La vie n'est pas chère, moins de bruit, de monde qu'au Vietnam. Les bâtiments coloniaux sont charmants.
Deux italiens, dans la cinquantaine me disent qu'il n'est pas possible de vivre en Italie avec une retraite. Il faut mettre de côté de l'argent pour vivre décemment en Italie. La jeune génération le sait. Elle s'y prépare mais nous, on n'y pense que depuis peu alors ce sera difficile financièrement. Alors prendre sa retraite ici, pourquoi pas ?
Ce matin, je rencontre Jack, un ancien pêcheur de crabes dans les Highlands.
Il vit à Kampot depuis sa retraite. Et a une copine cambodgienne.
Pourquoi prendre sa retraite au Cambodge ?
Avec une retraite, ma vie serait misérable en UK.
Ici, je vis bien. Je voyage dans la région. Je me balade. Je vais boire des coups au Rikikitavi. Je suis heureux.
La finance semble être le moteur des personnes que j'ai rencontrées.
Une maison se loue 300/400 dollars par mois. La bière pression est à 0,7frs. Au restaurant, on peut se nourrir, chaque jour, pour moins de 15 francs, si on choisit des lieux modestes.
Le calcul est vite fait.