Prendre un guide ou pas?
L'autre jour, je me suis retrouvé dans une homestay, seul client, c'était au lac Ba Be.
Le lendemain, un groupe est arrivé. Douze français accompagnés d'un guide et d'un chauffeur vietnamiens, tous véhiculés dans un bus. Trois semaines dans le nord du Vietnam.
Pour arriver à Ba Be de Bao Gang, j'avais dû trouver une moto avec chauffeur qui m'amène à la gare routière puis chercher un bus pour Phu Tong. De Phu Tong, attendre un autre bus pour Ba Be puis encore une moto pour les 15 derniers kilomètres. Une bonne journée de transport pour à peine 120 km.
Le groupe de français venaient aussi de Cao Bang avec un bus privé. Ils étaient partis en début d'après-midi et s'était arrêter pour visiter une grotte.
Pas la même façon de voyager.
Pendant cette journée de transfert, j'ai pris des bus locaux qui non seulement transportent des humains et des animaux mais un grand nombre de colis. L'adjoint au conducteur avec son téléphone planifie des rendez-vous tout au long de la route pour prendre et redonner des paquets à des clients qui attendent sur le côté. L'arrêt dure 30 secondes : on charge, on décharge.
A Phu Tong, j'ai dû attendre deux heures, sur une terrasse de restaurant, l'arrivée d'un autre bus. J'ai pu voir la préparation d'une soupe, agrémentée de pâtes, légumes et de crevettes, soupe que j'ai alors commandée avant de prendre le prochain bus.
Le soir à Ba Be, on mangeait tous dans la Homestay. Je me suis retrouvé à côté du guide qui, sans sortir du Vietnam avait appris le français (avec You Tube et les écoles qu'il a fréquentées), un français qu'il parlait parfaitement.
Et là, j'ai pu voir combien cela pouvait être intéressant d'avoir un guide local.
Il m'a raconté tout plein d'anecdotes magnifiques et touchantes qu'il m'aurait été impossibles de connaître avec ma façon de voyager.
Il m'a expliqué qu'il était né en 1993, troisième enfant d'un couple. Sa maman l'appelait affectueusement. « ma petite amende ». A ce moment, au Vietnam, il était interdit d'avoir plus de deux enfants. Comme sa maman était enceinte, elle alla, à vélo, à l'hôpital pour pratiquer un avortement (très fréquent à l'époque). Sur le trajet, elle a eu un petit accident. La maman pris cet accident comme un message de ses ancêtres : elle rentra à la maison sans aller à l'hôpital. D'où la petite amende. Cette loi fut abrogée deux ans plus tard.
L'autre jour à Dalat, je me promenais quand une moto s'arrête à côté de moi me proposant pour le lendemain des balades autour de Dalat. (Ce genre de proposition arrive souvent au Vietnam).
Et là, je ne sais pas pourquoi, j'ai accepté. Ce guide parlait très bien anglais. Cette journée fut magnifique. Il m'a amené à des endroits assez emblématiques de Dalat (téléphériques, pagodes, ...) ce qui m'intéressait moyennement mais j'ai pu lui poser mille questions sur sa vie, sur la vie des vietnamiens.
Ce guide s'appelle Tao, il a 65 ans, trois enfants, deux garçons, une fille et a un regard assez caustique sur son pays, sur les touristes.
Il m'a raconté par exemple que, pour les élections dans sa commune, on leur présente 7 candidats, tous du même parti. Sur les 7, ils doivent en choisir trois. La participation est obligatoire. A une heure de l'échéance, un appel au haut-parleur appelle les retardataires par leur nom. Tao ne comprend pas pourquoi il doit aller voter pour des gens qui viennent tous du même parti. Mais il n'ose pas s'y soustraire.
Je crois que je vais continuer à prendre des bus locaux car j'aime bien cela mais prendre un guide, même si certaines fois, on a l'impression d'être un peu trimballé de ci de là, cela a quand même un côté très intéressant.