Sourires
Le café est bruyant.
Les quatre hommes à coté de moi mangent, boivent des bières et rigolent.
Je ne comprends rien évidemment.
Je suis en train d'essayer de comprendre ce que est écrit sur le menu (aucune indication en anglais) Je tente Google Translate mais il y a des lettres, ou plutôt des accents, impossibles à retranscrire...
Traduction du menu chez Google: il a trois frères.
J'ai des doutes...
J'essaie ma chance chez mes voisins. Chacun essaie d'expliquer à sa manière le mot demandé.
On n'avance pas trop mais c'est très sympa. Ils m'offrent une bière.
Ce qu'ils mangent a l'air pas mal. Je prends comme eux.
Hier, il s'est passé presque la même chose.
Quatre hommes. Ils me demandent d'où je viens. L'un parle un peu français, un autre un peu l'anglais. C'est plus facile. Ils m'offrent aussi une bière...
Et toujours ces éclats de rire sur des sujets que je ne comprends pas. Mais c'est communicatif, je rie souvent avec eux.
Mais certaines fois, pourtant, les tons montent dans les aigus. Je soupçonne une tension.
Cela monte, cela redescend. Je regarde du coin de l’œil, inquiet.
Puis un éclat de rire.
C'est le propre de cette langue où le sens des mots se jouent sur le ton.
Je n'ai jamais vu de tension entre les gens. Peut-être que la tension se remarque sur des éléments qui me sont étrangers ?
Des fois, je les soupçonne de rire un peu de moi quand j'essaie de prononcer un mot sur la carte, quand j'essaie de suivre ce qu'ils me disent de faire devant des plats de nourriture (prendre les herbes à coté du plat, les déchirer et les mélanger à la nourriture), quand j'essaie de manger avec des baguettes quand eux utilisent une cuillère, ...
Mais c'est toujours fait avec beaucoup de gentillesse et de malice.
Je crois qu'ils aiment aussi bien rire d'eux-mêmes.
Lorsque je rentre dans un café, il y a toujours quelqu'un qui me fait une petit sourire, un sourire de bienvenu, je crois.
Le livreur vient d'apporter un colis pour le café que je fréquente. Nos regards se croisent et un petit sourire avant d'enfourcher sa bécane.
Pour les enfants, je crois que c'est différent. Il me semble que l'étranger a un petit goût d'exotisme. C'est ce que m'a dit un vietnamien en tous les cas. Chaque fois que je me promène à vélo dans la campagne, dans les rizières, je suis sollicité par les enfants qui font un « hello » depuis leur vélo avec un sourire désarmant.
Et bien cela me fait quelque chose. Cela n'arrive pas de temps en temps, cela arrive très souvent. Alors je ne sais pas. C'est comme si on te dit que quelqu'un est content que tu sois là. Cela te fait quelque chose au cœur. En tous les cas, pour moi, cela me fait quelque chose.
Je crois en fait que les vietnamiens ont à cœur que tu sois bien chez eux.
Il me semble qu'ils sont très fiers de leur pays et pour eux, c'est important que tu te sentes bien chez eux.