Noël sous les tropiques
Les rues se parent de guirlandes, les commerçants dressent le sapin, accrochent les boules.
Ça sent les fêtes de fin d'année.
Au Vietnam aussi.
On a eu le Black Friday.
Et maintenant Merry Christmans
Village global.
Quand, j'écris cet article, je suis dans un café qui diffuse « Douce nuit » en anglais...
Pourtant seuls 8,5 % des vietnamiens sont chrétiens.
En fait, je ne sais pas trop ce que cela représente ici, la fête de Noël. Je crois que c'est une occasion pour se retrouver à l'extérieur, d'illuminer les rues.
Un patron de Homestay, qui est bouddhiste, a mis un sapin (en plastique) décoré dans son hall. Il m'a dit qu'il aimait bien. Cela donne de la joie, de la lumière.
Sous le sapin, des cadeaux.
J'ai aussi lu que les couples, à Noël, ont tendance à se faire plutôt des cadeaux de nourriture.
Les enfants, pas trop de cadeaux, je crois.
Pourtant, officiellement, la république socialiste du Vietnam est un pays athée.
En 1954, à l'indépendance vietnamienne, le pays fut divisé en deux, sur le 17ème parallèle avec une partie nord, communiste, et le sud capitaliste. Un million de catholiques de la partie Nord émigrèrent. Beaucoup allèrent dans le sud du pays. 400'000 restèrent.
A nord, la religion catholique et les différentes formes de bouddhisme furent découragées. En fait, un pays où un seul parti est toléré craint peut-être qu'une forme de pouvoir lui fasse de l'ombre.
Découragées mais pas persécutées.
Au sud, étonnamment, tout ne s'est pas très bien passé au niveau religieux: en 1963, un moine bouddhiste s'est immolé par le feu sur une place de Saïgon pour protester contre les lois leur laissant trop peu de place, lois édictées par le très catholique président de l'époque.
Le moine laissa cette lettre : Avant de fermer les yeux pour me mouvoir vers la vision du Bouddha, je prie respectueusement le président Ngo Dinh Diêm de considérer avec compassion le peuple de cette nation et de mettre en place l'égalité religieuse pour maintenir la force de la patrie. J'appelle les vénérables, révérends, moines et laïques à s'organiser et à faire les sacrifices nécessaires pour protéger le bouddhisme.
A la fin de la guerre (1975), le nord imposa au sud sa façon d'intégrer la religion.
Depuis 1985 et la Đổi Mới (libéralisation de l'économie), il y a eu plus d'assouplissement mais il semblerait que l'Etat veuille toujours garder la main et contrôler l'église afin qu'elle ne soit pas un contre-pouvoir.
Un pays athée officiellement mais ne reniant pas le culte de la personnalité du père de la patrie, Ho Chi Minh. Présent sur tous les billets, dans tous les bureaux publics, dans certaines boutiques, sur de nombreuses affiches. Il mena le pays à l'indépendance puis la lutte contre le Sud, aidé par les américains, avant de décéder en 1969.
Les bouddhistes ne sont beaucoup plus nombreux que les chrétiens: 13%.
Mais les pagodes semblent plus visitées par les touristes que honorées comme lieu de culte. Un vietnamien bouddhiste me disait qu'il pratiquait son culte chez lui.
Malgré tout, la religion semble très présente dans la vie de tous les jours, même si 75% de vietnamiens se disent adeptes d'une religion traditionnelle ou non religieux.
Toutes les maisons, homestay, cafés, boutiques que j'ai visités possèdent un autel qui permet à chacun d'exercer le culte des ancêtres. Selon la croyance, l'existence d'une personne, après sa vie passée sur terre, se poursuit par une vie spirituelle sur plusieurs générations. La pratique du culte par les "vivants" permet alors à l'esprit de se réincarner.
Une religion présente mais confinée dans les foyers.