Old school
Je suis parti avec un guide sous forme de livre pour suivre le camino.
Ce guide possède des cartes avec le tracé en pointillé et la liste des hébergements.
Ce guide papier a été réédité en 2023. Il devrait être plus ou moins à jour.
Il ne l'est pas. Les noms de certains hôtels ont changé; les prix, n'en parlons pas.
Avec cela, je suis un peu le « old school » du chemin.
L'autre jour, deux canadiennes m'ont dit qu'elles avaient trop ri lorsqu'elles m'ont vu sortir mon guide papier.
Mes compagnons de route savent toujours quelle auberge est fermée, ouverte, presque en temps réel.
Ils sont sur une application.
Et des applications, il y en a beaucoup : « Buen camino », « Gronze », « Camino love », ...
Avec ces applications, on peut savoir où on est en tout temps (point bleu sur la carte), quelle auberge se trouve dans le prochain village (et le suivant), le nombre de km à effectuer entre deux villages. En plus, on peut réserver (via booking) certaines auberges.
Si on hésite entre deux chemins, l'application nous donnera la bonne direction par une flèche s'inscrivant sur la carte.
Et moi, quand j'hésite, je sors mon guide papier. J'essaie de m'orienter sur la carte pour connaître la bonne direction. Ce qui ne se conclut pas toujours par un franc succès...
L'autre jour, après deux heures de marche, deux chemins s'offraient devant moi. Aucun sigle distinctif du chemin, aucune coquille, ni flèche jaune. Je ne savais pas du tout où aller. Je ne me retrouvais pas sur la carte. Deux jeunes filles sont arrivées à ma hauteur, un coup d'oeil sur leur application et, avec un petit sourire en coin (sourire que je n'ai pas trop aimé !), elles m'ont dit : « on the right ».
Je n'en menais pas large.
Bien sûr, quand on arrive dans un village pour la nuit, tout le monde a sa réservation sur son natel. Je suis le seul qui doit encore chercher encore un lieu pour dormir... Ah bon, tu ne sais toujours pas où dormir ?
Hier, un couple de Gallois m'a dit que eux aussi n'utilisaient pas ces applications. Se perdre et demander son chemin fait partie du camino, m'ont-ils dit.
En plus, l'autre jour, quelqu'un m'a dit qu'il se sentait un peu esclave de son application tellement il la regardait. Il me disait qu'il avait de la peine à ne pas y jeter un coup d'oeil très régulièrement juste pour être sûr que...
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Je crois que je vais garder ma méthode.
Sans application, je soigne mon espagnol en demandant mon chemin et un hébergement aux locaux qui sont toujours très disponibles.
Il m'arrive souvent, à un carrefour, de scruter de tous les côtés un sigle du chemin quand un homme me fait spontanément un signe de la main pour m'indiquer la direction....
« Muchos gracias ».
« Buen camino » me répond-il.
En fait, ça me va assez bien d'être « old school ».