Je suis parti seul, pourtant..

Publié le par Stève Turin

Sur le chemin, il est assez facile d'entrer en contact avec un pèlerin.

Le première prise de parole : «tu fais combien de km par jour, tu as dormi où, tu dors où ce soir, tu es parti d'où ».

Souvent une plaisanterie sur le temps (il pleut souvent) même si la météo annonce toujours le meilleur pour demain...

Après cette première approche, on va plus loin ou pas.

Cela dépend, de soi, de l'autre.

 

Mais il y a quelque chose qui nous lie et qui permet d'approfondir un peu la relation.

On a tous un même but.

On a tous des habits et accessoires qui ne sentent pas toujours la rose.

On est tous un peu en souffrance. Une pied qui enfle, une ampoule mal placée, le sac qui devient lourd, un mollet qui tire, ...

 

Alors c'est peut-être pour cela qu'on peut aller parfois plus loin. On a tous quelque chose en commun. On est pèlerin.

«Comment tu te sens sur le chemin ?»

 

Pourtant le camino del Norte est assez peu fréquenté : environ 30 pèlerins traversent chaque jour en octobre les villages du camino del Norte, 300 pour le camino Francès, le chemin le plus fréquenté, celui qui part de Saint-Jean-Pied-de-Port.

Il est possible de marcher seul toute une journée.

 

Mais il y a les pauses dans les cafés.

Et le soir, on a l'habitude de dormir en dortoir.

Une certaine promiscuité.

Comme une certaine intimité qui nous permet de poser des questions qui aurait demandé beaucoup plus de temps dans un autre contexte.

« En fait, pourquoi tu es sur le chemin ? »

 

Parfois, dans les endroits isolés, les propriétaires de l'albergue propose le repas du soir en commun, alors on mange ensemble, on boit un verre, on prend le temps de parler un peu. Certains se livrent un peu plus.

 

Peu d'espagnols sur le chemin mais les habitants des villages ou villes traversés discutent volontiers avec ces marcheurs qui ne font que passer.

L'autre jour, échange avec Jesus qui m'explique qu'il a décidé de vivre avec peu de choses matérielles même si la société le pousse à consommer plus. Il me dit qu'il est heureux comme cela même s'il se sent quand même en marge de cette société.

 

Je suis parti seul, pourtant..

Une autre fois, à côté de moi, dans le restaurant où je prends le « menu del dia » une femme m'explique la gravure présente dans le café : la matanza, le jour où on tue le cochon. Elle s'appelle Imma. Mais son vrai nom est « Maria Immculada Conception ». Comme ses deux autres soeurs s'appellent aussi Maria en premier prénom, on l'appelle Imma. Je lui raconte alors notre viande séchée du Valais.... Imma que je retrouve le lendemain. Cette fois, elle est accompagné de Miguel, andalou comme elle. On plaisante sur l'Espagne qui reste très catholique. Pour recevoir le diplôme certifiant notre parcours, on nous demande nos motivations : religieuse/spirituelle/autre. Miguel me dit : « yo voy, je vais » Voilà ma motivation. Nous nous promettons de nous revoir demain à Compostelle devant la porte de la cathédrale.

 

Je suis parti seul, pourtant..

Et cette autre fois où la fille du bar m'explique que son village est connu dans toute l'Espagne grâce à ses «horreos». Je lui dis alors que nous avons aussi des horreos dans mon pays, mais on les appelle raccard. Les souris, on s'en méfie aussi.

 

Je suis parti seul, pourtant..Je suis parti seul, pourtant..

Mille petites rencontres, parfois joyeuses, parfois graves, toujours touchantes.

 

J'ai marché seul mais que de gens formidables j'ai rencontrés sur le chemin !

 

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