Rencontres
Fabien démonte les échafaudages à l'intérieur de l'église, le chantier touche à sa fin. Cela fait plusieurs années qu'avec une équipe, il restaure l'église de Auvillar. Après un CAP de tailleur de pierre, il s'est lancé dans le métier de la restauration. Il a alors appris les gestes des constructeurs des cathédrales d'antan. Avec les mêmes outils, mais plus légers, de l'époque. Fabien me dit que c'est indispensable de reproduire ces gestes pour ne pas dénaturer le travail des anciens.
Michèle essaie de capter la lumière.
Elle parcourt les églises, les cloîtres, les chapelles.
Ces lieux où il y a longtemps, des savoirs se sont transmis d'artisan en artisan afin de bâtir des édifices témoins du besoin de sacré qu'ont les hommes.
Il y a un côté mystique dans son travail. Elle parle d'énergie qu'elle peut ressentir dans certains lieux et de son absence dans d'autres.
Elle essaie de comprendre comment cette architecture bâtie il y a des centaines d'années puisse encore évoquer de nos jours de telles émotions. Mais comment donc, me dit-elle, les anciens pouvaient savoir que le soleil se refléterait au milieu du chœur, à midi heure solaire, lors du solstice d'été ?
Carl s'extasie devant la beauté d'une colline, la fraîcheur de l'ombre de l'arbre, le fait de pouvoir se reposer après une rude montée. Il recherche le plaisir simple. Celui que lui donne la nature et la rencontre. Il a abandonné la ville pour vivre isolé dans un petit village, avec le strict minimum. Sur le chemin, il semble comblé. Il porte dans son sac à dos le nécessaire pour vivre quelques mois. IL me dit qu'il se sent libéré du superflu et épanoui avec le dépouillement.
Quand j'ai demandé à Jonas combien de temps il se donnait pour faire le chemin, il m'a répondu : toute la vie . Jonas ne trouvait plus de sens dans ce qu'il faisait : « Dans la finance, tout va trop vite, j'ai décidé, il y a un mois, de faire seulement sur ce qui a un sens pour moi, j'ai envie de découvrir le monde, rencontrer des gens. Pour l'instant, je marche. Il faudra que je travaille dans les différents lieux que je visiterai pour pouvoir continuer».
Jean doit prendre une décision. Pour ce faire, il ne veut penser à rien, surtout pas à la problématique qui le préoccupe. Il essaie de faire le vide en marchant, ne pas se laisser submergé par son mental, il espère que les choses se décanteront et que la solution tombera comme un fruit mûr.
Caroline parcourt une partie du chemin avec une amie. Elle vient de changer d'orientation professionnelle. De chargée de formation dans une banque, elle est maintenant assistante maternelle. « Pourtant, j'étais passionnée par mon métier mais le burn-out me guettait. On m'en demandait toujours plus, j'étais comme pris dans une spirale. J'ai renoncé à un grand salaire pour être plus heureuse ».
Jean-Paul recherche le bonheur. Il ne l'a pas trouvé, pas encore. A 67 ans, il vient de subir une rupture et aimerait bien retrouver quelqu'un. Il a toujours un sentiment d'insatisfaction quand il vit une journée. Il pense que demain sera mieux qu'aujourd'hui. Alors il s'accroche à cet espoir. L'espoir que demain ou après demain, il trouvera enfin le bonheur qu'il recherche tant.
Jacques m'a dit aujourd'hui qu'il se sent enfin à sa place maintenant. Il a bientôt quarante ans et vient de s'installer à Condom, sur le chemin.
Il habitait jusque là en Alsace mais quelque chose lui manquait sans trop savoir ce que c'était.
Puis il entreprit de marcher jusqu'à Compostelle.
De son Alsace natale, jusqu'en Galice.
Et alors il a trouvé ce qu'il voulait : vivre sur le chemin. Depuis, il tient une boutique spécialisée pour les articles de randonneurs, souliers, sacs, ....