Péril blanc

Publié le par Stève Turin

Cette fois, c'est moi, le péril.
Ma maman m'a assez parlé du péril jaune. Péril car il y avait un danger, disait-elle. On ne savait pas trop lequel mais péril, il y avait.
Là, c'est un peu l'inverse. Le danger semble venir de moi, de nous.
Pour obtenir mon visa pour le Vietnam, je dois prouver que je n'ai pas séjourné récemment en Italie, en Corée du Sud, en Iran... Les laotiens ou les thaïlandais peuvent y aller sans problème au Vietnam, ils ne sont pas à risque. Moi, si.
Pour avoir ce visa, je dois aussi faire appel à une compagnie de voyage qui réglera mon itinéraire et les établissements que je vais fréquenter. On se méfie vraiment de moi!
J'ai eu beau leur montrer, aux gens du consulat du Vietnam à Luang Prabang, j'ai beau leur montrer mon passeport certifiant ma présence en Asie depuis deux mois, rien à faire. Je viens d'un pays qui n'est pas sûr. La Suisse. Les français à côté ne rigolent pas. Ils travaillent comme volontaires au Vietnam depuis une année mais chaque trois mois, ils doivent ressortir du pays pour y rentrer quelques heures après, n'ayant qu'un visa de trimestre. Mais cette fois, on leur refuse l'entrée: leur pays est sur une liste noire, une liste où sont inscrits les régions d'où peut venir le danger.
Les restrictions s'étendent maintenant au Laos, à la Thaïlande. Je ne sais bientôt plus où aller et mon visa est valable encore dix jours... Il me semble que plus personne n'est prêt à m'accueillir.
Ça fait un peu bizarre. D'habitude, c'est les autres qui sont regardés un peu de travers. Cette fois, c'est moi. C'est moi le mouton noir, celui dont on se méfie.
Je fais partie de ces pays pas trop désirables, de ces pays synonymes du péril blanc.


 

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