Joyeuse exubérance
La voix forte et puissante de mon voisin contraste avec sa stature. Il s'époumone dans son téléphone. La passagère, assise juste derrière, monte le son de son portable pour écouter sa musique. Un film est diffusé bruyamment sur les quelques écrans du bus.
Je parcours actuellement l'immense banlieue de Quito en direction du Nord. Trois heures de trajet dans un véhicule confortable. Un joyeux tumulte continuel nous accompagne. Outre le son du film, chaque voyageur continue de vivre sa vie sociale en téléphonant, regardant une vidéo, écoutant de la musique. Comme le bruit ambiant est assez conséquent, chacun adapte son volume.
Le chauffeur du bus n'est pas en reste: il klaxonne pour faire avancer la voiture devant lui, pour annoncer qu'il veut bifurquer sur la piste de droite, .... Les véhicules plus petits ne sont pas du tout intimidés par leur grand voisin, tout le monde klaxonne, c'est la règle. Pour annoncer leur présence à un éventuel client, les taxis aussi se font entendre. TUT, TUT ....
Les contrôleurs des bus-collectivo, debout sur leur marche-pied crient leurs prochains arrêts. Sur le trottoir, des milliers de petits vendeurs de fruits, de montres, d'empanadas invectivent le passant afin qu'il achète leur produit. On marchande sur ce qui nous parait être une trop bonne affaire, on en profite pour acheter de quoi souper pour ce soir.
Dans le bus, on diffuse actuellement le deuxième film. Mon voisin s'est endormi. La sonnerie de son téléphone retentit. Il ne l'entend pas. Il doit être le seul. Il semble bercer par le tumulte ambiant, cette joyeuse exubérance.